lundi 25 janvier 2016

DISMALAND


 Dismaland est un un parc créé en 2015 par Banksy, dans la petite ville anglaise Weston-Super-Mare. Son nom est issu d’un mélange de "dismal", lugubre en anglais et de « Disneyland ». Sous ses apparences de parc d’attraction ordinaire, Dismaland est en fait « inadapté aux enfants », puisqu’il dénonce de manière parfois dérangeante les défauts de notre société. Ce parc est une exposition éphémère : il a ouvert du 22 août au 27 septembre 2015.

Nous allons décrire et mettre en relation certaines œuvres, puis les interpréter.
   
             
                Parmi toutes les créations présentes dans le parc, on trouve notamment :

Le manège à chevaux

  L’une des œuvres présentes dans le parc est le carrousel. Il semble à première vue tout à fait banal, mais il est ici transformé en abattoir. On peut apercevoir un personnage en cire, habillé en tenue ensanglantée d’ouvrier d’abattoir, avec un couteau à la main. Il est assis sur des cartons où on peut lire « lasagnes ». Au dessus du personnage se trouve un cheval de bois, pendu au plafond.  Cette œuvre fait référence au scandale des lasagnes Findus ayant éclaté en février 2013. De la viande équine a été trouvée dans leurs produits, alors que leurs étiquettes indiquaient de la viande bovine. Plus de 4,5 millions de plats préparés à l’origine falsifiée ont été vendus dans treize pays européens. La fiabilité du système de traçage de la viande a alors été mise en doute.
    Par conséquent, de nombreux produits ont été retirés de la vente, après des résultats d’analyses positives à la viande de cheval rendus publics.


Les bateaux de migrants:

     Il est possible de télécommander des bateaux, mais ceux-ci sont surchargés de migrants. Il est finalement impossible de les ramener sur la terre ferme, car ils finiront par couler. Le tout se passe dans une eau noire, où des cadavres de migrants noyés gisent à la surface. 
Il est évidemment question d’un des plus grands débats de l’année 2015  : Comment gérer l’afflux des migrants en Europe ?
Cette œuvre traite précisément du passage des migrants, qui, au coût de leur vie et de ce qu’ils possèdent, font appel à des passeurs pour se réfugier et accéder à la sécurité en Europe. Ces passeurs font traverser les migrants dans des embarcations instables, y concentrant le plus de personnes possible, qui risquent de couler à tout moment.

L'accident de carrosse:
   Un carrosse renversé aux roues brisées est mitraillé par des paparazzis, agenouillés devant le véhicule, alors que le corps d’une princesse (aux cheveux blonds) y est encore présent. On peut apercevoir des motos/scooters dans le fond du décor. Le carrosse est tiré par deux chevaux blancs, dont l’un deux semble hurler de douleur.  Il n’y a aucune lumière dans la pièce, ce sont les appareils photos « clignotants » des paparazzis qui l’éclairent.
Cette œuvre fait référence à l’accident tragique dont a été victime la princesse « Lady Di » en août 1997 dans le tunnel du pont de l’Alma à Paris. La voiture dans laquelle la princesse se trouvait était, pendant son déplacement, suivie par des paparazzis. C’est en tentant de les semer que le chauffeur de la voiture rentra à trop grande vitesse dans le tunnel, ne pouvant éviter un accident.
    Il est question ici de montrer que les paparazzis harcèlent leurs cibles, les personnalités célèbres, ce qui les oblige, comme ici, à fuir en leur présence s’ils veulent avoir un moment de tranquillité sans être exposé au monde entier. Les paparazzis raffolent de n’importe quel sujet pour être les premiers, ne respectant pas même la mort de quelqu’un, tournant comme des vautours. Dans l’œuvre, ils sont tous agenouillés devant le carrosse, et au lieu d’agir, mitraillent la scène avec leurs appareils. C’était malheureusement réellement le cas la nuit de la mort de Lady Diana.


   
         Le parc reste fidèle au street art, et ne se limite pas à des attractions. Des tentes ou des bus donnent lieu à de petites expositions, notamment une yourte transformée en galerie de la poésie de la contestation. Un cinéma en plein air propose une sélection de courts-métrages d’animation poétique. L’une des tentes, « Le Sommeil de la raison », est un cabinet de curiosités aussi oniriques que monstrueuses, où se trouve la fameuse licorne de Damien Hirst.
Celle-ci, symbolisant la magie, l’imagination, est placée dans un aquarium de formol. La disparition de l’euphorie des parcs et de l’enfance est ici montrée, ou encore la volonté de posséder et contrôler tout ce qui sort de l'ordinaire.
       
                        
         
      Le parc est voulu « repoussant » jusqu’aux moindres               détails : les membres du personnel apparaissent     antipathiques, ils répondent avec négligence voir agressivité aux visiteurs. Ils paraissent agacés, comme si eux mêmes se demandaient la raison de leur présence dans le parc. Banksy veut susciter le malaise des visiteurs en montrant ici le manque de courtoisie et d'amabilité envers les inconnus dans la vie quotidienne.

          Des annonces sont diffusées sur un ton monotone. De plus, une musique hawaïenne distordue contribue à     l'atmosphère lugubre et troublante qui se dégage du                                                parc.
      Il est possible d'obtenir un ballon, sur lequel il est écrit "I am an imbecile" (en français : "Je suis un imbécile").






Lorsqu'on compare le château originel de la Belle au bois dormant avec celui de Dismaland, la différence saute aux yeux. Le château a perdu toutes ses couleurs, et même certains morceaux d'architecture, évoquant des ruines abandonnées. L'eau qui entoure le bâtiment est souillée, et on y voit une sirène déformée, cauchemardesque. L'emblème de Disneyland est dépourvu de toute sa magie ainsi que de son charme légendaire.




















A travers ce parc, Banksy et les artistes qui y ont contribué dénoncent de nombreux défauts de notre société.
        Dismaland, désinstallé de Weston-Super-Mare, va être déplacé à Calais. Là-bas, son infrastructure servira à construire des abris, permettant l’accueil de migrants. Cette initiative s’inscrit dans la continuité de l’engagement politique et social de Banksy.
 

    

6/8

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